Jour 14 :TRICHY - TANJORE
Jour 14 : Le 13 Juillet : TRICHY - TANJORE
Petit déjeuner au cinquième étage de l’immeuble, le contraste avec le reste de l’hôtel est déroutant puisque le service impeccable et la présentation de cette terrasse n’ont d’égal que le choix et la qualité de la nourriture.
Nous sommes malgré tout contents de partir, les mauvaises odeurs et les problèmes de chasse d’eau ont achevé notre avis sur cet établissement.
- Comme convenu le patron de l’agence du chauffeur nous accueille aux abords de la rivière CAUVERY se trouvant à quelques pas. La question qui se pose en effet étant : où est donc passée la rivière ? Son lit est à sec …
MURALI nous explique que là est bien l’objet de notre visite et le centre des préoccupations pour cette matinée …
L’objet de la cérémonie à laquelle nous allons assister est de demander de l’arrivée de l’eau par la pluie ou l’ouverture des barrages dans les jours à venir.
Tout en avançant vers le temple, nous avons droit à un cours sur les origines de l’Hindouisme, les fondements, un décryptage des comportements et codes, une démystification de cette religion aux 10 000 dieux. MURALI a une très grande ferveur dans cette religion, dans un Français plutôt bon et avec une grande patience il relate et nous enseigne, tant aux grands qu’aux moins grands, les clés de sa culture.
Ainsi en 2000 avant JC, les ARYENS sont arrivés d’Asie centrale en INDE repoussant les peuples déjà présents, en l’occurrence les DRAVIDIENS, vers le sud, là même où nous sommes.
Les ARYENS étant arrivés avec les Brahmanes, ces hommes détenant la connaissance ultime et le pouvoir d’enseigner la religion, qui faisaient partie de la classe sociale la plus élevée à cette époque mais encore de nos jours puisque représentant le cerveau de la société.
Le système de castes a été ensuite déployé suivant le modèle de VISHNU, le dieu créateur, et la morphologie de l’homme. Le système de castes se trouve quasiment dénudé, nous allons mieux comprendre les fondements et les conséquences de ce concept.
La tête représentant les penseurs appartient aux Brahmanes, les bras ont été pourvus aux ouvriers et politiciens nobles bâtisseurs de la société, le ventre fût logiquement l’enveloppe des commerçants, les pieds furent dédiés à certains petits métiers tels que les équarisseurs, les femmes de ménage etc. Enfin les intouchables n’ayant aucune affectation officielle dans la part du divin, se retrouvent effectivement dépourvus, non seulement de métier digne de ce nom mais aussi d’un quelconque accès concret à la religion et donc aux temples …
MURALI nous présente maintenant les différents types de brahmanes dont il en existe deux types.
Le brahmane prêtre, exerçant uniquement en tant que tel, qui est le seul à pouvoir toucher et entretenir les sanctuaires tandis que le brahmane exerçant un autre métier (avocat, ingénieur etc.), ne dispose pas des mêmes droits.
Tous ont la possibilité de se marier, d’engendrer une descendance, mais aussi d’enseigner et de procéder à des processions religieuses tels que mariages, baptêmes.
Ayant évoqué le sujet de la réincarnation, MURALI nous contredit pour ensuite élargir notre vision cette fois encore…
Contrairement aux idées reçues, sans vouloir faire de généralités je souhaite préciser les miennes, la réincarnation ne doit en théorie jamais se produire. Cela sous entend que si la personne respecte le droit chemin indiqué dans les DARMA et KARMA, alors son esprit peut aller au paradis en paix lorsqu’il quitte le corps.
Par opposition, la réincarnation étant la voix imposée pour se relever de ses erreurs de sa vie passée dans une vie future, n’est ainsi pas un bon présage. Dans la même idée, dire qu’un indien se fiche de sa vie comme de la vie des autres, au volant notamment, est une notion incorrecte.
Nous voici au début de la cérémonie invités à passer aux premières loges par un homme de logistique, une foule de personne fervente et concentrée est présente accroupie sur le pavement de granit. Nous voici projetés tout près des brahmanes qui s’activent à la création du feu purificateur avec cette méthode issue de la préhistoire, une corde entrainant un rond de bois à haute vitesse qui échauffe un récipient par frottements. La température monte … ainsi que la tension aussi dans l’assemblée. La passion nous envoûte, la curiosité nous transporte dans les yeux des indiens.
Est-il utile de préciser que nous sommes les seuls touristes ? Oui. Cet instant nous appartient pour l’éternité.
Les photos défilent, le diaphragme a un tic, il cligne sans interruption.
Les musiciens s’animent, un brahmane parle dans un micro, expliquant en Anglais le processus.
Enfin le feu est allumé, toute l’attention du comité Brahmane est redoublée, il faut maintenant veiller à faire s’embraser la laine de coco.
J'ai aussi droit à une mise en boite.
Maintenant le moment est venu de nous éclipser et de rejoindre MURALI pour une nouvelle séance d’explications.
Sur cet arbre sont accrochés des vêtements de nourrissons que les parents viennent disposer ici juste après la naissance en remerciement aux faveurs des dieux.
Nous assistons à la prière d’une jeune femme et d’un jeune homme. Il arrive régulièrement que l’un des époux perde son conjoint juste après le mariage, cela étant notamment arrivé aux parents respectifs de ces jeunes bien des années auparavant. Aussi pour éviter que cette tragédie ne se reproduise sur les nouvelles générations, tenant compte de l’histoire de famille et du calendrier astrologique la cérémonie permet d’éradiquer les mauvaises influences du passé sur le futur de ces jeunes.
La jeune fille est venue avec neuf noix de coco représentant les neuf planètes, un collier est déposé dans un bananier dont la tête sera tranchée. Les mauvaises influences éliminées, le bananier repoussera de lui-même, telle une famille nucléaire, par ses racines. Lé cérémonial se poursuit par des lancés de grains de riz et des ablutions sur la tête.
Là bas, autre rituel, on rase les têtes, soit pour la première année d’un enfant, soit pour évacuer les mauvaises choses de l’esprit d’une personne.
Sur le chemin de la sortie, des personnes viennent se faire bénir par un éléphant, le front marqué du signe de VISHNU. Il s’exécute comme un vrai Brahmane, se situant juste à coté, saisissant avec adresse déconcertante les offrandes dans sa trompe, bénissant ensuite chaque personne d’un crochet de trompe sur l’arrière du crâne, redonnant enfin la donation à son maître.
Je reviens sur les bords de la rivière CAUVERY, elle est à sec, une foule de personne traverse la rivière en file « Indienne» pour rejoindre la cérémonie, je songe à une exode … autre époque, autre religion, autre motivation, ici aussi on attend le déluge d’une certaine manière sur la CAUVERY.
- Nous faisons nos adieux à MURALI puis filons à ROCK FORT TEMPLE pour un peu d’exercice avec ses quatre cents marches à gravir.
La vue d’en haut sur la ville est imprenable. Les gens y viennent entre amis, en couple ou en famille, beaucoup de dévotion encore avec ces indiens qui prient dans ce petit temple.
- L'appel de la route pour TANJORE.
Route et arrivée à TANJORE. Nous nous lançons avec Nathalie dans la recherche active d’un hôtel, le TAMILNADU et ASHOKA sont complets mais le VALLI dispose de quelques chambres libres et correctes.
- Le temps passe, Vili nous dépose dans un restaurant local propre et pas cher. Le chicken GARLIC est succulent, un vegetable fried rice. Pour le dessert un GUAC JAMIN, une gourmandise, des petites boules trempées dans un jus sucré.
Le service est irréprochable.
- Nous arrivons à TANJORE PALACE, les troupes sont épuisées, il fait chaud, l’absence de commentaire démotive tout le monde sauf moi.
Un banc tout disposé se présente là, on s’asseye, des indiens engagent la discussion.
Allez encore et toujours de la culture … les statues de bronzes, la confection des empreintes, la métallurgie, le moulage, font partie du patrimoine de TANJORE depuis au moins un millénaire. Les statues de bronze exposées, pourtant très anciennes, sont d’un réalisme saisissant malgré leur millénaire. Je mesure ici le niveau de technicité et l’expertise de ces artisans du passé.
Différentes interprétations de PARVATHI (femme de SHIVA le dieu destructeur du mal) |
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Le respect des proportions de ces statues de 800 ans est stupéfiant. | Dancing SHIVA |
Une belle série de dancing SHIVA.
- Nous terminons cette journée au BRAGADESWARAM big temple en complétant notre collection de temples d’Inde du sud. Hindouisme encore mais avec une approche différente …
Belle surprise de constater une ambiance quasi psychédélique dans ce temple millénaire. Un orchestre joue, guitare électrique et percussions sur une mélodie Indienne, la magie opère.
Des centaines de familles sont venues assister à cette fête dédiée au dieu cochon, protecteur des agriculteurs. Une galerie spécifique ayant été aménagée et recevant une belle collection de statues du dieu cochon assez insolites ...
Encore de bons moments échangés avec ces familles Indiennes et en particulier avec ces frères et sœurs revenus spécialement à notre rencontre afin de répondre à nos interrogations. Ils nous avaient aperçu dans la galerie de l'exposition du cochon. Nandri... (merci en Tamoul).
Il est difficile de quitter un tel endroit dont l’ambiance est si différente des temples visités à MADURAI et TRICHY, il règne ici un genre de néo Hindouisme. La transformation d'une Inde Hindouiste est en route, en route vers le futur en assumant ses origines hautement spirituelles.